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Jean-Lou Treboux Group / Il vibre en premier de classe

image © Chris Blaser

Jean-Lou Treboux, 21 ans, est l’un des premiers certifiés Masters jazz par le Conservatoire de Lausanne. Il le fête ce soir en concert. 

Avec cinq de ses collègues, il fait partie de la première livraison de musiciens certifiés "Masters" par le département jazz de la Haute Ecole de musique de Lausanne (HEMU), au Flon, où il donne vendredi son concert d’adieu à l’institution qui l’a choyé pendant des années. Chaudement recommandé par son directeur, le saxophoniste George Robert, mais aussi par Francine et Serge Wintsch, patrons du Festival Jazz Onze+, qui le soutiennent avec force et le présenteront en juillet au Festival de Juan-les-Pins, le vibraphoniste Jean-Lou Treboux, 21 ans seulement, quitte l’école sous les acclamations de ses aînés. Autant dire que celui qui commençait la percussion à l’âge de 3 ans en tapant sur des casseroles a fait quelques progrès. 

"Je trouve ça marrant parce que je pense être un des moins scolaires de cette école!" s’amuse-t-il en faisant rouler la malice au fond de ses yeux bleus. Le récent laureât du Credit Suisse Förderpreis Jazz, prix décroché au nez et à la barbe d’une vingtaine de concurrents suisses alémaniques, ne pousse pourtant pas son profil de cancre. Si l’ancien membre de groupes punk et ska avoue n’avoir jamais fait les exercices de transcription de son prof de solfège, le Lausannois d’origine nyonnaise concède la valeur et l’usage du travail: "Il y a beaucoup de boulot, même si je n’ai pas pris le chemin le plus droit." 

Sa plus grande claque "professorale", il la prend avec le vibraphoniste de Dave Holland, Steve Nelson, rencontré en masterclass à Lisbonne. "Je ne doutais de rien, je croyais que je jouais bien... Il m’a fait une radiographie complète, m’a demandé si j’aimais mon son et m’a conseillé de penser à TOUTES les notes que je jouais." Il n’a alors que 18 ans, mais la leçon paie. "En rentrant, je me suis mis à bosser huit heures par jour." Mais l’école n’a jamais été son seul horizon. "Je connais des gens que cela a détruit." Lui-même a parfois douté, jusqu’à caresser l’idée de jeter l’éponge, en 2007. "Il y a aussi eu des profs durs, qui m’ont descendu très bas..." Indispensables dans sa formation, les rencontres lui ont permis de sortir de son enclos. Lui qui se définit comme "sociable" et "pas timide" va frapper à la porte de pianistes de la région, comme Malcolm Braff (qui l’aime beaucoup à la batterie, son premier instrument) et François Lindemann, avec qui il joue encore souvent. 

Il garde aussi des souvenirs émus de vénérables musiciens de New Orleans, "qui ne connaissent rien à la théorie, mais qui vous poussent à sortir des choses personnelles». Car la sincérité, Jean-Lou Treboux aime ça. "A chaque fois que je joue avec des musiciens, c’est un moment de partage, d’intimité. C’est comme faire l’amour, il faut savoir s’oublier, se lancer dans l’action." Mais sans risque? De ses sifflements d’oreilles occasionnels, le jeune vibraphoniste dit volontiers qu’ils viennent d’un "rapport musical non protégé´..."


Boris Senff
24 Heures / 17 juin 2011

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